« Quand les gens ont besoin de toi, tu dois être là pour eux, mais quand toi tu as besoin d’eux, il n’y a plus personne. »
Combien de fois avez-vous entendu cette phrase ? Voire, combien d’entre nous l’avons dite ?
C’est l’apanage de beaucoup de donner sans compter, qui un sourire, un coup de main, un soutien. Mais combien d’entre nous tiennent un livre de comptes des services rendus ?
« On ne donne pas dans l’intention de recevoir, car le don constitue comme tel une joie exquise » Erich Fromm. En effet comment nous sentons nous après avoir rendu service ? Généralement, bien ! Content du bien donné ! Heureux d’avoir fait plaisir !
Qui dans cette euphorie a pensé à noter : J’ai aidé X à déménager le ….. ; ça m’a pris ..h.. ? Et dans quel but ? Présenter la note ? Demander à notre une aide ? Non bien sûr ! Personne ne fait cela ! Bon, d’accord, il y a toujours des gens qui abusent et reçoivent plus qu’ils ne donnent, mais là n’est pas le propos. Donc, personne ne tient son livre de compte des services rendus et pourtant, dans un coin de la tête, il y a une petite calculette qui compte pour chacun et quand nous avons besoin d’aide et que personne ne peut être disponible, on a vite fait de se sentir floué et de se dire : « avec tout ce que j’ai fait, personne n’est là ! » Quelle déception !
D’aucuns penseront automatiquement à l’ingratitude de ceux-là même qu’ils auront aidé, tandis que d’autres se demanderont pourquoi ils sont seuls quand ils ont besoin d’aide ; qu’ont-ils bien pu faire ou/et dire ?
Combien de frères, sœurs, amis, voisins se sont fâchés parce que l’un n’était pas au rendez-vous des attentes de l’autre. Parce que c’est bien là le problème : avoir des attentes ! Avoir l’espoir que l’autre sera là quand nous en aurons besoin. Quoiqu’il en soit, on attend le retour de notre geste qui en fin de compte ne serait qu’un retour sur investissement. Attendons-nous quelque chose de l’animal qu’on a sauvé d’un piège ? Du nourrisson à qui nous donnons le biberon, que nous changeons pour qu’il soit au sec ? Alors pourquoi attendre un retour des personnes qu’on a aidées ?
Des solutions existent, en voici deux, basiques, que j’aiment bien :
- Nous faisons un contrat : je t’aide à tailler tes arbres, à déménager, à faire tes courses et tu m’aides en retour pour telle ou telle tâche que je ne peux faire seule. C’est clair et net !
Mon arrière-grand-mère le faisait avec le cultivateur voisin. Elle aidait à la fenaison et à la moisson pour que lui vienne lui labourer le champ où elle planterait les pommes de terre. Tout le monde était content, pas de gagnant, pas de perdant.
- Soit on donne ou fait sans arrière-pensée, sans attente. Et j’aime beaucoup ça !!!! En faisant ainsi, ça libère le receveur d’une dette quelconque qu’il pourrait penser avoir vis-à-vis du donateur, qui, quant à lui n’est plus frustré, déçu parce qu’il n’est plus dans l’attente d’une reconnaissance implicite. Et là non plus, pas de perdant et pas de gagnant.
Mais j’aime l’idée qui consiste à faire voyager l’aide que j’ai pu apporter à quelqu’un : aujourd’hui, je peux t’aider, je n’attends rien en retour, MAIS quand, à ton tour tu rencontreras quelqu’un qui aura besoin d’aide, donne-la-lui gracieusement, avec générosité et sans attente de retour !
« La générosité n’a pas besoin de salaire, elle est heureuse de ses bienfaits. » Hypolite de Livry