Vivre une fausse couche à été un événement profondément traumatisant.
J'ai eu la chance d'être très entourée par mon frère, des amies et thérapeutes pour m'accompagner dans cette souffrance brutale et extrêmement violente.
Perdre mon bébé, je ne m'y étais absolument pas préparée, je n'avais pas envisagé que cela pouvait arriver au delà des 3 premiers mois. La nouvelle à été abrupte et j'ai du faire face à l’hôpital à 1000 demandes de la part du personnel médical. Heureusement pour moi j'y suis allée accompagnée car je n'avais plus d'espace dans mon cerveau pour prendre une décision ni comprendre ce que le médecin me disait ou me demandait, tout le coté rationnel et logique s’était envolé avec la nouvelle que je venais de recevoir 1h plus tôt.
J'étais tout simplement incapable de savoir quoi faire, quoi décider pour moi, pour mon corps .
L'état de choc et la sidération déconnectent le cerveau de toute réalité, de toute rationalité et de l'espace temps.
Tout est allé très vite ensuite à l’hôpital, l'intervention devait avoir lieu 48h plus tard , je ne savais pas quoi décider, es ce que je devais attendre que mon bébé se décroche seul ou es ce que je devais passer au bloc. Je ne savais pas quoi faire et le personnel médical ne m'a absolument pas aidé a prendre la meilleure décision pour moi, sinon la décision la moins risquée pour eux !
Le personnel avait du mal à comprendre et entendre que je ne donne jamais de médicaments à mon corps et que si j'en prenais je devais savoir les effets secondaires les plus courants, que j'ai une compréhension et une vision énergétique et émotionnelle qui s'ajoute à mes choix et que à ce moment là j'étais un être humain en détresse totale et pas seulement un client avec un problème médical.
Je n'ai à aucun moment été conseillée pour des séances d'ostéo, d’acupunctures ou autres pratiques pour aider énergétiquement ou physiquement mon corps à se remettre de l'intervention et à peine m'a t-on proposé le contact d'un psy avant de me renvoyer chez moi avec une ordonnance d'antalgiques !
Le manque d’empathie et de conseil est d'une violence sans nom, sortir de l’hôpital et se retrouver chez soi tout juste quelques heures après l'intervention a été tout aussi violent .
Comment faire pour ne pas se retrouver seule et isolée après un tel événement ?
Comment affronter tout ça quand on n'a pas de partenaire avec qui partager et guérir celà.
Comment se remettre psychologiquement et physiquement d'une telle douleur, comment faire comprendre à certaines personnes que non ce n'est pas rien, que c'est un bouleversement profond , que même si je ne la sentais pas encore bouger dans mon ventre je la sentais énergétiquement dans tout mon corps et j'avais une connexion immense avec elle .
Comment gérer les hormones dans notre corps car même après avoir perdu le bébé, elles continuent à être présentes et le corps continue de croire à la grossesse pendant quelques semaines .
Comment vivre et accepter les variations émotionnelles, les crises de larmes, le besoin d’être entourée et d’être seule, mais aussi les changements du corps, les contractions de l'utérus, les boutons , le manque appétit, les insomnies, les troubles intestinaux et tant d'autres.
Comment faire face à tout ça quand on ne sait pas à quoi s'attendre ni combien de temps ça va durer ?
S'autoriser à être triste, pleurer toutes les larmes de son corps, croire que l'on va nous aussi mourir car la douleur est insoutenable, être en colère, être dans le déni, sont des phases nécessaires pour remonter la pente.
C'est autant de questions que je me suis posée à moi même et auxquelles petit à petit je répond et autant d'émotions par lesquelles je passe.
J'ai reçu énormément de témoignages de femmes ayant fait une ou plusieurs fausses couches ou avortements. Certaines m'ont même confié qu'elles ne s'en était jamais remises.
C'est extrêmement tabou comme sujet, trop à mon goût et relégué à quelque chose de pas grave pour la société alors qu'il y a un nombre énorme de perte d'enfant , 1 grossesse sur 4 ne va pas arriver à son terme et 1 femme sur 10 va traverser une fausse couche dans sa vie !
Cela représente de millions de femmes qui ne sont pas conseillées, écoutées, comprises, soutenues dans cette épreuve et ce deuil.
Trouver un espace de parole bienveillant, respectueux et plein d'amour, un accompagnement énergétique, savoir que d'autres personnes sont passées par ce chemin m'a énormément aidé et j'aimerais proposer cela dans quelques temps aux femmes et aux hommes que ça appelle.
Le bouleversement à été tellement profond, que je ne pouvais pas en tant que thérapeute ne pas penser apporter ma pierre à l'édifice et proposer mon accompagnement et mon aide quand j'aurais avançé sur ma propre guérison.
Si vous connaissez des personnes dans le besoin, transmettez leur mon témoignage et mes coordonnées.
Même des années après, il n'est jamais trop tard pour faire la paix avec cette douleur et faire son deuil.
Mélinda